Discours inaugural de l’auteure Marie Honnay

Tout ça, c’est à cause d’un homme…

Non mais, moi, en fait, je ne voulais pas l’écrire cette deuxième d’édition du Petit Futé. Déjà l’année passée,  si vous vous souvenez, j’avais testé tous les restos romantiques de la cité pour (non, pas ce que vous croyez) … Juste pour vous aider à augmenter notre taux de natalité, exploré les adresses mode stylées pour…faire parler mon banquier, repéré les bars branchés pour…me faire taxer de snob par les adeptes de la place du Marché, traqué le fleuriste le plus sexy de la cité pour…faire jaser mon boulanger. Bref, un travail harassant et absolument pas passionnant. Vous comprendrez aisément que je n’avais aucune envie de remettre ça. Et puis me voilà ici, ce soir. Tout ça, c’est à cause d’un homme.

Je ne sais plus si c’est la faute à mon copain Marc. Ben oui, il vit au dessus de la Médiacité. Alors, pendant le chantier, vous pensez, il avait besoin de prendre l’air. Il y a un peu plus d’un an, nous voilà chez Tasso, le patron me prend dans ses bras illico. «C’est gentil ce que vous avez écrit sur moi dans le guide 2009» qu’il me dit. Du coup, comme c’était jeudi, on s’est dit qu’on allait fêter ça au Mad Murphy. Là, voilà qu’on croise Eric et Laurent qui me demandent ce que je fais de beau en ce moment. A part hésiter entre rester là ou aller aux Trois Rivières, on ne peut pas dire que mon planning était ultra palpitant. Alors, voilà que le lendemain, je me mets à cogiter: c’est vrai que j’en ferais bien un deuxième…de Petit Futé.

J’y parlerais des bobos parce que vous avouerez qu’ils sont tout de même rigolo, des bars à sushi et à tapas avant que la burger-mania ne fasse qu’une bouchée des cantines de la cité… Bref, j’étais lancée. Ce que je ne savais pas encore, à ce moment là, c’est que j’allais croiser la route d’un étranger. Enfin, un expatrié: un de ceux qui prononcent «lakman» les gaufrettes qu’on mange sur la foire et qui pense que le Bruit qui Court, c’est la réponse à la question «qui sort avec qui à la terrasse de chez Saga?».  Devant tant de méconnaissance, j’étais prête à l’envoyer, illico, se plonger dans ma première édition du Petit Futé quand, soudain, l’étranger (assis devant la télé) a blêmi: le Standard venait de se prendre un goal avant la mi-temps. Et là, j’ai compris: même expatrié à 100 kilomètres d’ici, on ne renie jamais son ardente patrie. Théorie qui s’est confirmée lorsqu’à peine remis de son tsunami émotionnel rouge et blanc, il s’est exclamé à une Namuroise (expatriée dans la capitale, elle aussi) et qui n’en demandait pas tant: «Mais c’est normal que vous soyez sympa: vous vivez en bord de Meuse!»

Là, je me suis dit: tout n’est pas perdu. Cet homme a encore de beaux restes. Deux décennies dans la capitale ne suffisent pas à gommer la mauvaise foi légendaire des Liégeois. D’ailleurs, à propos de mauvaise foi, je voudrais préciser que si – après deux éditions du Petit Futé- il est temps pour moi de passer la main, j’envisage, un jour, de m’attaquer à une autre ville. Heu… complètement au hasard… Bruxelles. Je suis certaine qu’en me concentrant un peu lors de la rédaction du Petit Futé Bruxelles 2011, je serais capable de faire couler la Meuse au milieu de la rue Neuve. Si si, je vous assure. Et si vous ne me croyez pas, repensez-y dans deux ou trois bières. Je suis convaincue que vous verrez les choses autrement.

Bonne soirée, bonne lecture!